Lors d’un déplacement la semaine dernière, un passant nous a demandé de l’information sur l’ arrosage du mur végétal, à savoir si nous devions arroser chaque plante à la main. Après réflexion, je pense que ce sujet mérite bien un article bien détaillé.

Réaliser un système d’irrigation: les 4 étapes-clés

Le kit d’arrosage est le point central pour réussir à faire un mur végétal avec des plantes saines et équilibrées. Si le système est bien conçu, avec le bon matériel – alors les bons résultats sont garantis.

Voici une méthode simple, en 4 étapes, pour paramétrer un circuit d’irrigation facile et fiable, entièrement automatisé, pour des plantes en parfaite santé.

L’arrosage est vital pour le mur végétal. De sa bonne conception dépend la réussite de la végétalisation. Le substrat (quelques centimètres) sèche vite du fait de la consommation des plantes et de l’évaporation. L’arrosage doit donc être programmé régulièrement.

Etape 1 : Choisir le bon substrat

Si le substrat de votre mur végétal est de bonne qualité, il ne pourrira pas. De plus il retiendra l’eau suffisamment longtemps pour que les racines des plantes puissent l’absorber. Et surtout, surtout, il résistera dans le temps.

Pour rappel, le substrat est ce qui remplace la terre sur un mur végétal, qui fonctionne en hydroponie. Sa qualité est donc indispensable pour le bien-être des plantes ! Généralement, sur un jardin vertical simple et classique en intérieur, on utilise du feutre imputrescible.

On privilégie un montage en plusieurs couches : 1-2 couche de nappe d’irrigation qui retient et répartit l’eau et une une couche extérieure du feutre horticole qui protège.

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Etape 2 : Choisir le bon matériel de micro-irrigation

Le système de goutte-à-goutte doit humidifier le feutre sans le lessiver. Il doit également être uniforme sur la surface et irriguer l’ensemble des plantes presque simultanément.

Pour ce faire, on privilégie un espacement de 15 cm max entre chaque goutteur. De plus, la ligne d’arrosage doit être installée au plus haut du mur végétal. Pour les grands projets, pensez à ajouter une ligne supplémentaire tous les trois mètres de hauteur.

Les connectiques pour relier les différents segments de la ligne d’arrosage doivent permettre un assemblage facile et sûr.

Enfin l’ensemble doit être suffisamment discret pour passer inaperçu. Le regard doit être attiré par les plantes, mais pas par ce qui se passe en backstage !

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Etape 3 : Relier le circuit de micro-irrigation à l’arrivée d’eau

En fonction de vos options, le tuyau de remontée doit être connecté :

  • à une pompe d’arrosage (hauteur de remontée 2,5m ou 3m) immergée dans un bac. Circuit fermé.
  • à une centrale d’arrosage reliée à une arrivée d’eau domestique. Circuit ouvert. Dans ce cas, pensez aussi à ajouter une solution nutritive pour garantir la santé des plantes.

Etape 4 : Programmer l’arrosage du mur végétal

Connecter la pompe à un programmateur Wi-fi ou Bluetooth ou à un programmateur électronique vous permettra d’ajuster au mieux l’apport d’eau sur le mur végétal ainsi que la fréquence des arrosages pour l’adapter aux besoins des plantes.

L’automatisation est réellement le point fort du mur végétal. La mise en place d’un kit automatique conçu pour la culture hydroponique permet de faire vivre beaucoup d’espèces végétales sur une très faible épaisseur de substrat. Cela permet aussi de réduire le temps consacré à la corvée d’arrosage et d’éviter les erreurs de culture. En effet, les imprécisions que l’on peut se permettre au jardin, à l’extérieur et en pleine terre, se pardonnent beaucoup moins à l’intérieur et en hydroponie.

Quel type de système d’irrigation pour le mur végétal ?

On distingue trois types de kit d’irrigation :

Circuit fermé : c’est le système avec bac. Les pompes sont alors immergées dans le réservoir. (Les pompes d’aquarium  sont tout à fait adaptées à cette utilisation). Un système de filtration est alors indispensable pour éviter que le circuit ne se bouche à cause des déchets végétaux. Les programmateurs commandent la durée et la fréquence de fonctionnement des pompes. Il s’agit aussi du système le plus écologique.

Circuit semi-fermé avec remplissage automatique : Au bac de rétention, on ajoute une possibilité de remplissage automatique et une évacuation de secours.

 Circuit ouvert : On branche la ligne d’arrosage du mur végétal directement sur un robinet en passant par une centrale d’irrigation. Elle se sert de la pression du circuit d’eau (entre 3 et 6 bars) pour arroser le mur végétal. Des électrovannes commandent l’ouverture du circuit à intervalle de temps régulier. Une pompe doseuse prélève dans un contenant à part la quantité d’engrais utile au mur végétal et l’injecte directement dans l’eau d’arrosage.

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Les deux systèmes, ouvert ou fermé, ont leurs avantages et leurs inconvénients. Ils ne s’intègrent pas au sein des mêmes projets.

Circuit Ouvert

Le kit ouvert est réservé aux projets de taille significative (plus de 3 mètres de hauteur). En effet, il est plus cher et plus gourmand en eau.

Sa consommation est de 3 à 5 litres d’eau par jour et par m².

Pour être installé, une arrivée d’eau et une évacuation doivent être prévues.

Plus la surface du mur végétal est importante, plus le système d’arrosage doit être sécurisé. Il y a donc une forte exigence de fiabilité pour un système d’arrosage utilisé dans un circuit ouvert. L’état et l’apparence de votre mur végétal dépend du bon fonctionnement du kit d’arrosage.

Voici une liste des composants que l’on trouve couramment dans une centrale d’irrigation de type ouvert:

  • Injecteur d’engrais réglable de type Dosatron
  • Plusieurs programmateurs
  • Vannes d’arrêt
  • Réducteur de pression
  • Compteur d’eau du mur végétal.
  • Clapet anti-retour (anti-pollution)
  • Filtre à tamis

Issue de l’univers professionnel, ces composants sont tous relativement onéreux. De ce fait l’utilisation d’une centrale d’irrigation est le plus souvent réservée aux installateurs professionnels.

Néanmoins, les résultats obtenus avec cette technique sont plus linéaires dans le temps, et l’entretien plus simple et rapide.

Circuit Fermé

Le circuit fermé est pratique pour les murs végétaux de petite superficie et ne nécessite pas une très grosse installation. Pas d’évacuation, pas d’arrivée d’eau.  Il est aussi plus économique car l’eau est recyclé.

  • Consommation, il faut compter 1 L d’eau au m² par jour.

En terme d’installation, seule deux prises électriques sont requises pour les pompes. Prévoyez une prise supplémentaire si vous avez besoin d’éclairage.

Le bac est la pièce maîtresse du mur végétal. Toutes les organes vitaux de votre mur végétalisé se trouvent dans le bac: Les pompes et la filtration.

Estimer le volume du bac

Le volume du bac? Il dépend de l’autonomie d’arrosage que l’on veut obtenir pour son mur végétal avec un seul remplissage. Néanmoins, la durée minimale à viser sera de 3 semaines. Cela correspond à la durée de cycle d’azote lié à la filtration biologique.

Une chose est sûre: un grand bac est synonyme de santé pour un mur végétal. Plus longtemps l’eau restera dans le bac avant d’être consommée par les plantes – plus elle sera bonne et riche en nutriments.

Un point pratique à prendre en considération: le bac d’eau doit être suffisamment grand pour partir en vacances sans se préoccuper de l’irrigation des plantes. A votre retour il doit y rester encore suffisamment d’eau pour que la pompe d’arrosage puisse continuer à fonctionner.

Si l’autonomie dépend du ratio entre le volume du bac et la superficie du mur végétal, elle est sensiblement différente d’une technique à l’autre.

Dans notre cas: le système PLANT-R consomme environ 1L d’eau par jour par m².

La formule pour calculer le Volume du réservoir pour le mur végétal:

V = 1,3 x S x C x J

V – volume du bac, S – Surface du mur végétal, C – Consommation au M², J – L’autonomie visée en Nb de jours

– Exemple –

  • Votre mur végétal fait 2,5m² (S), soit 1m de large sur 2,5m de haut.
  • Il consommera environ 2,5L d’eau par jour (S x C = 2,5 x 1 = 2,5L)
  • Votre absence la plus longue sera de 3 semaines, soit 21 jours (J)

Le volume du bac, selon la formule, V = 1,3 x 2,5 x 21

V = 68,25L

Alors, système d’irrigation ouvert ou fermé ?

Le choix entre les deux types de circuit se fait en fonction des particularités du projet. Lorsque l’on dépasse certaines dimensions, le circuit ouvert devient plus intéressant.

  • mur végétal de plus de 3-4 m de haut = circuit ouvert
  • mur végétal de plus de 10 m² = circuit ouvert
  • mur végétal sans arrivée d’eau/sans évacuation = circuit fermé

Les pompes et la connectique

Concevoir un système de micro-irrigation est à la portée de tout un chacun. Toutefois, il n’existe pas encore de solutions clé en main qui soient réellement adaptées aux besoins du mur végétal. Ainsi, les pompes sont, à l’origine, développées principalement pour une utilisation dans les aquariums et les tuyaux d’irrigation sont quant à eux, plutôt destinés à l’arrosage du jardin.

Ce qui permettra de relier ces « deux univers », ce sont les connectiques, des petits éléments permettant les raccords entre les systèmes.

Les pompes (pour kit fermé)

Lorsque l’on fonctionne en circuit fermé avec un bac de rétention, un système de pompe est nécessaire pour acheminer l’eau d’arrosage jusqu’au haut du mur. Le milieu de l’aquariophilie propose une gamme de produits tout à fait adaptées à ce type d’installation.

pompe-pour-mur-vegetal

La superficie et surtout la hauteur du mur végétal sont des éléments à prendre en compte pour choisir le bon modèle de pompe. Il faut considérer :

  • son débit (exprimée en litre/heure),
  • la hauteur de remontée possible (de 60cm à 4m)
  • son bruit de fonctionnement (c’est un point important, l’arrosage devant être très régulier, une pompe bruyante occasionnera des nuisances)
  • sa consommation en kw.

La connectique (tout système)

En ce qui concerne les tuyaux à proprement parler, deux solutions sont envisageables pour la micro-irrigation :

  1. Le tuyau poreux est un tuyau de petite dimension qui laisse filtrer l’eau à faible pression (0,5 bar) à travers une membrane. Toutefois, si l’eau est très calcaire, et chargée en éléments dissous comme des engrais, ce type de connectique risque de se boucher. Ce tuyau reste relativement fragile, les pressions trop fortes peuvent le faire se fissurer.

tuyau-microporeux

  1. Le tuyau micro-percé est un simple tuyau déjà percé ou à percer soi-même pour plus de liberté dans le positionnement des trous. Comme le tuyau précédent, il lui arrive aussi de se boucher à cause des petites particules.

Des éléments de raccordement sont indispensables pour connecter les tuyaux d’irrigation à la pompe ou, à l’arrivée d’eau, dans le cas d’un système ouvert.

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L’eau d’arrosage pour le mur végétal est un paramètre incontournable dans la réussite d’un projet. Il convient de la filtrer correctement. Mécaniquement, tout d’abord pour éviter que les particules ne viennent boucher et endommager le circuit. Ensuite, il faut la filtrer biologiquement pour que l’eau reste propre pour la consommation des plantes. Étudions en profondeur les moyens mis à notre disposition.

La filtration

Les résidus de terreau issus de la plantation des végétaux, les déchets des plantes, et les éventuels fragments de feutre horticole provenant du substrat représentent un danger pour le circuit d’arrosage. En s’agglomérant, ils forment des tampons qui pourraient à terme endommager les pompes et obstruer tuyaux et connectiques.

Exactement comme pour les aquariums, le mur végétal nécessite une filtration continue et fiable qui passe par plusieurs installations :

  • la mise en place de crépines à des endroits stratégiques (entrée du circuit, raccords)
  • une filtration mécanique effectuée par le biais d’une mousse d’aquarium (mousse filtrante).
  • une filtration biologique assurée par une population de bactéries.

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La mousse filtrante

Il existe différentes mousses filtrantes. Leurs caractéristiques (granulométrie petite ou grande, matière, densité, épaisseur, etc.) varient en fonction de leur utilité. Certaines sont utilisées pour la filtration des petits éléments, d’autres servent à accueillir des populations de bactéries, nous y reviendrons dans la seconde partie.

Les mousses en polyuréthane : très pratique d’utilisation, elles peuvent rester immergées longtemps et nécessitent un entretien limité. Les tailles variables des alvéoles captureront les éléments lourds ou les fines particules.

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Voici un exemple d’organisation d’un bac de rétention d’eau pour mur végétal de 2,5m², inspirée d’un aquarium.

Les compartiments 1, 2 et 3 contiennent des médias de filtration  avec une granulométrie variable de la plus grande à la plus fine. Dans la dernière section du bac se trouve une pompe d’arrosage.

Les moyens de filtration biologique

Les bactéries sont indispensables pour obtenir une bonne qualité d’eau. Ce sont elles qui transforment les nombreux déchets organiques en engrais minéraux, directement assimilables par les plantes. Et la boucle est bouclée.

Pour vivre et se reproduire, ces bactéries ont besoin de :

  • nourriture : les déchets et débris végétaux.
  • oxygène : une petite pompe de brassage assurera la circulation d’eau dans le bac.
  • lumière : le bac ne devra pas être couvert.

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Elles ont besoin aussi d’un média de filtration comme :

  • la mousse en polyuréthane
  • les cylindres en céramiques
  • les billes d’argile

En somme le bac de rétention du mur végétal a de très nombreuses similitudes avec les bacs à aquarium. Les techniques peuvent donc être copiées sans complexe, afin d’apporter aux plantes la meilleure eau d’arrosage possible. A terme, votre mur végétal sera presque autosuffisant ou, au minimum, moins gourmand en engrais.

Pour en savoir plus :

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