En septembre 2019, la première récolte de fraises hydroponiques a eu lieu à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Les fermes verticales sont aujourd’hui une réalité dans de nombreuses régions urbaines du globe, notamment en Asie du Sud-Est et en Europe. La culture hors-sol de fruits et légumes permet de réduire la consommation d’eau. Elle assure également leur disponibilité toute l’année et limite le transport sur de longues distances. Ces potagers hors-sol sont-ils un énième avatar de l’artificialisation de nos sociétés? Ou au contraire une véritable révolution agricole et écologique ?

Agricool, la start-up qui fait pousser des fraises à Paris

Fin septembre 2019, rue des Fauvelles à Courbevoie. Des dizaines de familles et de badauds sont rassemblés devant trois conteneurs maritimes. Que se passe-t-il ? Les employés d’Agricool, jeune start-up française lancée dans la production agricole hydroponique, s’apprêtent à vendre la première production de fraises de l’année. Directement du producteur au consommateur, en pleine zone urbaine parisienne.

« Le goût de nos fraises se rapproche de celui de la mara des bois, avec 30% de vitamine C et 20 % de sucre en plus par rapport aux fraises du commerce » assure Agricool. L’entreprise commercialise chaque barquette de 250g à 4,5 euros. Le secret de ce miracle ? Ce n’est pas (encore) le réchauffement climatique, mais un type de culture hors-sol s’appuyant sur l’hydroponie.

potager vertical

Potager urbain

Les fraises d’Agricool ne poussent pas en terre, mais dans des poches plastiques. Celles-ci sont positionnées dans un environnement ultra-contrôlé à l’intérieur d’un conteneur. Lumière, eau, solution nutritive, température : tout est piloté par ordinateur. Pour les employés, pas question de mettre la main dans la terre et de rentrer en bottes. La tenue de rigueur est composée d’une blouse, d’une charlotte sur la tête, et de lunettes anti-UV.

Chaque conteneur de 30 m² est un véritable potager hors-sol qui produit 7 tonnes de fraises par an. Cela avec une consommation d’eau inférieure de 75 à 90 % à ce qui est nécessaire pour faire pousser des fraises en pleine terre. Cela représente 28 000 barquettes de fraises, alors que 4 000 m² de terres agricoles seraient nécessaires pour réaliser cette production. De plus, avec cette production technologique, plus besoin d’attendre l’été pour consommer les petits fruits acidulés sans faire exploser leur empreinte carbone. Alors, pourquoi s’en priver ?

Le potager hors-sol prend de l’essor dans les grandes villes

Agricool n’est pas la seule entreprise à parier sur l’hydroponie pour révolutionner l’agriculture urbaine. C’est l’Asie, notamment Singapour et le Japon, qui a remis au goût du jour cette pratique ancestrale. Dans ces pays, le manque d’espace couplé à la pollution de sols urbains nécessite de trouver des solutions innovantes pour approvisionner les habitants en produits frais.

La culture hydroponique, permettant le potager hors-sol, présente de nombreux avantages. Elle permet d’obtenir des rendements élevés (+ 20 à 25 %) grâce au contrôle précis des nutriments et de la luminosité. Et cela sur de très petits espaces. De plus, elle favorise la mise en place de circuits courts de distribution, ce qui limite l’émission de gaz à effet de serre liés au transport par camion. Par rapport aux potagers urbains de pleine terre, elle permet de limiter la contamination de la production par les métaux lourds présents dans le sol, notamment le plomb. Enfin, argument non négligeable dans la tendance actuelle du manger sain et bio, ces fruits et légumes poussent sans aucun pesticide et, pour la plupart, sans OGM.

Toutefois, il ne faut pas oublier que ces productions hors-sol consomment également de l’énergie fossile pour créer et faire fonctionner l’installation. D’ailleurs, comme l’admet Diane Fastrez d’Agricool, « l’entreprise n’est pas encore rentable. Mais maintenant que la technologie est au point, nous comptons développer un réseau de franchises ».

Pour en savoir plus

Le jardin vertical et la culture hors-sol conquièrent rapidement la ville. Ce qui séduit? Leur faible emprise spatiale et leur utilisation très contrôlée des ressources en eau. Il existe désormais de véritables fermes urbaines verticales, qui toutefois soulèvent quelques questions.

En parallèle, des initiatives plus modestes sur le plan technique voient le jour, pour le plus grand plaisir des habitants et des travailleurs. Il s’agit par exemple des potagers d’entreprise, destinés à améliorer la qualité de vie au travail et le bien-être des employés.

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