Les citadins plébiscitent de plus en plus l’agriculture urbaine hydroponique en raison de ses nombreux avantages. Facilité, pas de contact avec les polluants du sol, production de légumes beaux et juteux en toute saison à proximité des consommateurs… La culture hydroponique présente des atouts non négligeables afin d’optimiser la croissance des plantes et maîtriser la consommation d’eau. Mais elle demande par contre une grande artificialisation du processus de culture.
L’hydroponie, ou culture hors-sol, peut-elle vraiment nous aider à ramener de la verdure au cœur de nos métropoles ? Ou bien n’est-elle qu’une anecdote qui détourne notre attention des vrais enjeux de la culture des plantes en milieu urbain ?
Les avantages de l’agriculture urbaine hydroponique
L’hydroponie consiste à remplacer la terre par un substrat neutre pour la culture de plantes, généralement des légumes, des fruits, des herbes aromatiques ou des fleurs destinées au commerce. Dans la plupart des cas, la terre est remplacée par un bassin d’eau additionnée d’engrais, dans lequel trempent les racines des plantes.
Même si cela peut sembler contre nature, le système de culture hydroponique présente des avantages certains, notamment pour le maraîchage. Il permet de limiter les maladies et donc de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Bien que, par définition le label « bio » ne puisse s’appliquer aux produits cultivés en hydroponie. De plus, il permet de produire toute l’année, en intérieur, et d’être au plus près des consommateurs, ce qui limite grandement les coûts de transport. Comme cette culture a souvent lieu en milieu fermé, avec des bacs installés verticalement, l’agriculture hydroponique permet un fantastique gain de place, ce qui est primordial en ville. Enfin, les sols urbains sont souvent pollués de métaux lourds liés aux hydrocarbures des véhicules. Hors-sol, les plantes sont donc protégées de cette pollution.
L’hydroponie permet également de réduire la consommation d’eau. En effet, ce type de culture nécessite trois fois moins d’eau que la culture en pleine terre. Par contre, cette eau doit forcément contenir une solution nutritive afin que les plantes aient accès aux minéraux nécessaires. Et pour ne pas polluer (mais est-ce vraiment l’objectif de l’hydroponie ?), il est indispensable de recycler cette eau enrichie et de ne pas la rejeter dans la nature.
La serre agricole flottante
Pourrait-on voir un jour cette barque charmante flotter sur les étangs du bois de Vincennes ? Cette serre agricole flottante, appelée Jellyfish barge, permet de produire suffisamment de légumes pour une ou deux familles. Elle est construite à partir de matériaux recyclés et ne consomme ni eau, ni terre. L’eau utilisée provient de la distillation solaire.
Les « racines carrées » de New York
Kimbal Musk partage avec son frère Elon, le fondateur de Tesla, un goût pour les projets ultra-futuristes. Sa start-up Square roots (racines carrées) a levé 5 millions de dollars afin d’aider au développement de l’agriculture urbaine pour les jeunes New-Yorkais de 25 à 34 ans. L’entreprise prévoit d’utiliser 10 conteneurs en acier où les jeunes entrepreneurs pourront développer leur petite unité de production hydroponique. Nul besoin de lumière naturelle, ni d’espace, ni d’eau ! Si le projet marche, Kimla espère bien pouvoir utiliser cette production pour sa chaîne de restaurants locavores, The Kitchen.
Quel est le véritable enjeu de l’agriculture urbaine ?
Faire pousser des fleurs et des légumes en ville est-il uniquement destiné à remplir les assiettes des restaurants branchés ? Pour beaucoup de projets de jardinage urbain, la réponse est non. L’agriculture en ville est aussi là pour créer du lien social autour de la végétation, et pour éduquer les enfants au fonctionnement de nos écosystèmes. La preuve en images, avec deux projets aussi beaux que bons.
Jardins scolaires à Boston
En plein cœur de la ville de Boston, aux Etats-Unis, des architectes paysagistes ont développé un ensemble de jardins en plein air destinés à l’apprentissage pédagogique. Des mini-classes vertes sont installées dans les cours d’écoles, ce qui permet aux écoliers et à leurs enseignants de s’engager dans une activité de jardinage qui devient source de curiosité et de fierté.
La ferme comme lieu de rassemblement en Thaïlande
A Suan Pheung, en Thaïlande, des architectes ont imaginé la ferme Coro Field. Il s’agit d’un prototype alliant production maraîchère et lieu de vie destiné à offrir les produits de la récolte et proposer des ateliers événementiels. Chaque espace est délimité et relié aux autres par un système de passerelles. Le mobilier est modulaire, ce qui permet de réorganiser les différents espaces selon les saisons et les événements.
En bref
L’agriculture urbaine sert en réalité de nombreux objectifs. Produire des fruits et légumes à proximité des consommateurs, certes, mais aussi créer du lien social et renforcer le lien des habitants à la nature. C’est pourquoi il nous semble que le futur de l’agriculture urbaine ne peut être 100 % hydroponique, même si ce système de culture va devenir incontournable pour satisfaire les attentes des consommateurs tout en préservant les ressources.
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