Imaginez une ferme où l’on ne trouve pas un brin d’herbe, ni une motte de terre. A peine quelques êtres humains. Pas un animal. Le seul bruit qui vous parvient n’est pas celui d’une moissonneuse-batteuse, mais le son de bras automatisés et d’électrovannes qui s’ouvrent et se ferment.
Ceci n’est pas de la science-fiction.
Bienvenue dans la ferme hydroponique !
Comment une telle « ferme » fonctionne-t-elle ?
La culture hydroponique peut-elle s’avérer plus écologique que l’agriculture traditionnelle ?
La salade hydroponique, du robot à l’assiette
Un système de culture en hydroponie fonctionne sans terre. Les plantes font pousser leur système racinaire directement sur un substrat neutre et sont irriguées par de l’eau enrichie en solution nutritive. Pas de terre, pas de maladies, pas d’insectes, pas d’aléas météo, et surtout, pas d’imprévu. Le rêve du businessman.
Le système de culture hydroponique est particulièrement prisé pour le maraîchage, en particulier salades, tomates et concombres. En effet, il permet d’avoir des produits beaux et biens gros à tout moment de l’année, sans être tributaire des saisons, et à proximité immédiate des grandes villes.
Commençons par nous rendre au Japon. Ce pays manque cruellement de terres cultivables face à la pression démographique, et le désastre de Fukushima a contaminé des milliers de kilomètres carrés de sol. Sans surprise, on retrouve donc le Japon et sa technologie à la pointe de la culture hydroponique.
Au Japon, la ferme hydroponique de papy
Japan GrandPa Dome, le Dôme du papy japonais. Un nom pittoresque pour une réalité qui l’est tout autant. A Rikuzentakata, à 500 km au nord de Tokyo, se trouve en effet un impressionnant dôme immaculé de plusieurs dizaines mètres de hauteur. Cette construction futuriste abrite des milliers de plants de salade flottant sur l’eau, dans laquelle est diluée une solution nutritive. Par contre, point de grand-père en vue. Plutôt une ou deux ouvrières couvertes de charlottes de protection de la tête aux pieds.
Au Japan GrandPa Dome, les salades mettent trente jours à pousser. Elles commencent leur vie, comme toutes les salades du monde, sous la forme d’une petite graine qui germe, toute fragile. Sauf qu’ici, elle est protégée dans un écrin tel un joyau, dans une salle fermée et stérile. Puis, dès que les premières feuilles ont poussé, les salades sont transférées sur un bassin circulaire. L’ouvrière les embarque sur un plateau, traverse une passerelle surélevée et redescend au centre du bassin, sur un petit îlot de travail. Là, elle place chaque petite salade sur un rail flottant sur l’eau.
Le bassin est en fait complètement automatisé, en rotation permanente : il effectue un tour de 360° par jour. Chaque jour, les plantes sont donc repoussées vers l’extrémité du bassin, au fur et à mesure de leur croissance et de l’arrivée de nouveaux plants au centre. Au trentième jour, elles arrivent en bordure du cercle, brillantes et bien charnues, prêtes pour la récolte. Ça tombe bien, l’autoroute passe juste à côté, parfait pour optimiser le transport.
Découvrez la vidéo de la « ferme de grand-père » version japonaise.
La ferme hydroponique ET écologique de Marion
Un légume qui ne voit jamais un ver de terre peut-il être bon, aussi bien dans l’assiette que pour la planète ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, la réponse est oui !
Marion est une jeune entrepreneuse française qui a fondé sa propre ferme hydroponique, les Sourciers. Comme elle aime à le rappeler, l’hydroponie, c’est beaucoup de travail pour un résultat impressionnant. « Hydro » signifie « eau » en grec ancien, et « ponos » signifie « travail ». Marion travaille l’eau, et non la terre, mais son attachement à la plante et au produit est le même qu’un fermier traditionnel, peut-être même plus grand. Chaque matin, Marion se lève avec le soleil et récolte salades et tomates, direction les cuisines de grands restaurants de la région. « Les chefs me passent commande chaque jour par texto ou WhatsApp. »
Dans la ferme de Marion, aidée de son mari Nicolas, tout est recyclé, et surtout l’eau enrichie en engrais. « Il y a plusieurs façons de faire de l’hydroponie. Comme pour la terre, il y a des techniques qui ne sont pas du tout écologiques et là c’est une technique qui est vraiment écologique », explique-t-elle. Le fait ne rien rejeter dans la nature permet de faire de très grosses économies en eau et en nutriments.
D’ailleurs, ce système de culture connaît un tel succès que Marion et Nicolas ont développé des ateliers de formation à l’agriculture hydroponique. Leurs clients ? Des personnes souhaitant développer l’agriculture urbaine ou dont les terrains sont pollués et donc impropres à la culture en terre.
Pour aller plus loin
Tentés pour essayer la culture hydroponique chez vous, dans votre salon ou sur votre balcon ? C’est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît. Découvrez nos autres articles portant sur l’hydroponie afin que cette culture étonnante n’ait plus aucun secret pour vous :