Mariage de raison ou éphémère passion? On peut se demander si l’engouement actuel pour les murs végétaux naturels n’est qu’un effet de mode, ou si au contraire, le retour à un environnement plus vert et plus sain fait partie d’une tendance de fond. A y voir de plus près, il semble bien que les architectes s’emparent de la tendance du mur végétal en raison des nombreux bienfaits qu’il apporte. Ira-t-on jusqu’à parler d’architecture végétale ?

Architecte et Paysagiste pensent la ville moderne

En architecture, la nature peut être perçue comme un élément contraignant avec lequel il faut compter. Les bâtiments doivent résister à des forces destructrices telles que le soleil, la pluie et le passage du temps. On couvre les murs d’enduit, on refait les toitures, on stabilise les fondations…

La nature, pour un architecte, est également un défi à relever. Non seulement le bâtiment doit résister aux assauts des éléments, mais il peut, également, s’intégrer à son environnement, voire en tirer partie.

En parallèle aux grands changements environnementaux que connaissent notre planète depuis quelques décennies, l’architecture s’adapte. Elle suit l’air du temps, tout en proposant des solutions aux problèmes contemporains. Dans un monde où plus de 50 % de la population est urbaine, la nature est devenue le graal. On recherche les bénéfices du végétal, sur le bien-être et le confort des habitants tout comme sur la préservation des ressources énergétiques. Un végétal qui reste tout de même « propre » et maîtrisé, et, pour cela, intégré à l’architecture.

C’est pourquoi de nombreux projets architecturaux intégrant la végétation fleurissent un peu partout dans le monde. Au cours des âges, les techniques ont évolué et tout en s’émancipant des contraintes élémentaires, les architectes jouent désormais avec ces paramètres pour mettre en valeur leurs réalisations et créer des bâtiments à impact positif.

mur vegetal dans l'architecture

De plus en plus, architectes et paysagistes travaillent de pair. Des spécialistes du végétal intègrent les équipes de conception. Le végétal, autrefois honni en ville car synonyme de friches, d’animaux errants et de nuisibles, est désormais signe de modernité et d’avant-garde.

Comment intégrer de la verdure et de la nature dans des villes verticales et très densément peuplées? S’il n’y a plus de place au sol, il y en a…sur les murs et les toits des bâtiments ! La nature se verticalise et s’adapte ainsi au milieu urbain. Et ses atouts n’en sont pas amoindris. C’est pourquoi murs végétaux et toitures végétalisées font désormais partie du paysage des grandes métropoles mondiales comme Paris, Tokyo ou New York.

mur vegetal dans l'architecture de central parc à Sydney

Parmi les plus spectaculaires, on compte plusieurs projets d’envergure réalisés par Jean Nouvel, en collaboration avec Patrick Blanc. L’architecte star et l’ inventeur du mur végétal se sont alliés afin de pérenniser la matière vivante dans l’architecture. Leurs réalisations communes marquent une nouvelle époque et témoignent d’un changement des mentalités.

Les jardins verticaux, un élément d’architecture à part entière

À mesure que la nature devient légitime et indissociable des bâtiments modernes, l’intégration d’un mur végétal dans l’architecture prend tout son sens.

Petit à petit, d’autres architectes franchissent définitivement le pas qui sépare le bâti et le naturel en intégrant la végétation au cœur des structures. Lisez ici le témoignage d’un partenaire de NEOGARDEN, à propos de sa rencontre étonnante avec le mur végétal – Alexandre Vitry, architecte DPLG, travaillant au sein de l’agence « Atelier Maison Verte » à Paris.

Depuis quelques années, des partenariats originaux entre maîtres d’œuvre et paysagistes d’intérieur se mettent en place aux quatre coins de la planète.

Michael Hellgren, un paysagiste suédois, fait figure de précurseur grâce à ses nombreuses et remarquables créations.

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Ce qu’il y a de remarquable avec lui, ce n’est pas, à proprement parler, l’installation de murs végétaux intérieurs qui existent depuis une décennie environ, mais bien le fait que l’architecture et le mur végétal sont conçus en duo avant le début de toute construction. En planifiant l’intégration des systèmes d’arrosage et d’éclairage directement dans la structure, le champ des possibles s’ouvre et les exemples de végétalisation réussie prennent toujours plus d’ampleur.

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Rapprocher les citadins de la nature

Selon Franck Michigan, l’architecte du mur végétal du BHV MARAIS, il faut à tout prix renforcer le rapport que nous entretenons, nous, citadins, avec la nature. La ville est un écosystème à part entière, avec toutes les manifestations habituelles de la nature: la chaleur en été, le froid en hiver, les changements du jour et de la nuit, l’alternance des saisons…

…autant d’occasions d’en faire l’expérience et de ne pas oublier que nous sommes nous-mêmes des êtres de nature pour lesquels le maintien de cette connexion est vital.

La ville verte inspirée par la nature

Certains sont en train de bouleverser notre imaginaire: trois chercheurs du célèbre MIT ont conçu le prototype d’un bâti totalement écologique, où la maison pousse autour d’une charpente, comme un arbre. Le projet Fab Tree Hab vise à réduire l’impact qu’impose un habitat conventionnel à notre écologie.

projet d'un habitat écologique Fab Tree Hab

La nature est aussi une source d’inspiration incontournable. Les précurseurs de l’Art Nouveau, Victor Horta en tête, ont puisé abondamment dans les formes naturelles pour créer ces décors empreints de vitalité. Ici, les lignes végétales omniprésentes apportent une touche onirique à l’ensemble.

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Vers des bâtiments de plus en plus…naturels ?

Dès la fin du XIXè siècle, certains architectes s’interrogent sur le lien entre les citadins, leur habitat et la nature. L’industrialisation bat alors son plein. C’est alors qu’émergent les premiers courants architecturaux cherchant à rapprocher l’homme moderne de la nature grâce au bâti. Par exemple, l’américain Frank Lloyd Wright lance le courant de l’architecture organique. Son oeuvre est rendue célèbre par la Maison de la Cascade construite en Pennsylvanie dans les années 1930.

Ce n’est qu’à partir des années 1980 et l’émergence des préoccupations environnementales que ce type d’architecture reliée à la nature fait surface de manière plus globale. La question n’est plus seulement celle de l’intégration du bâti à la nature environnante, mais aussi et surtout celle de la préservation de l’environnement. Une maison ou un immeuble peuvent-ils être réellement écologiques ? La maison « nature » existe-elle ?

C’est en tout quoi ce vers quoi les architectes contemporains tendent, avec l’avènement de la maison bioclimatique et des maisons BBC (Bâtiment Basse Consommation). D’ailleurs, pour la décennie 2020, on parle désormais de maison positive. C’est-à-dire une maison qui produit davantage d’énergie qu’elle n’en consomme.

Les grands principes de l’architecture végétale

L’architecture végétale correspond à un type d’architecture qui intègre le végétal dans le bâti, selon Jean-François Daurès qui l’a théorisée dans son ouvrage Architecture végétale. « Les murs végétaux créent une nouvelle forme de square, sans perte de foncier » explique-t-il.

Pour intégrer le végétal dans le bâti, l’architecte propose trois solutions:

  • la façade végétalisée
  • le toit végétalisé
  • le mur végétal intérieur

Dans les trois cas, les avantages sont aussi bien pour le bâtiment lui-même que pour les habitants. La présence de végétal sur l’extérieur du bâtiment à un impact positif direct sur sa durabilité et permet d’optimiser la gestion des eaux pluviales. De plus, elle améliore le bilan technique de la construction et permet d’atténuer la réverbération acoustique.

Pour les habitants, le confort, le bien-être et…le portefeuille sont protégés. En effet, le mur végétal, extérieur et intérieur, permet d’optimiser le taux d’humidité et de limiter les déperditions thermiques. Autant d’économies à prévoir sur la facture de chauffage ! Sans compter que l’architecture végétale permet également d’améliorer le confort acoustique en limitant l’écho.

L’architecture végétale, c’est aussi le plaisir des cinq sens. Tout d’abord, les façades végétales sont très esthétiques. Les experts du mur végétal proposent des structures parfaitement harmonisées au niveau des espaces qui la composent. Jeu sur les textures, les couleurs, les formes…les variations sont infinies. Le mur végétal, c’est aussi le plaisir du nez, grâce aux mille et une odeurs qui s’en dégagent. « L’immortelle, par exemple, dégage une odeur proche de celle… du curry ! » explique Jean-François Daurès.

En bref

La façade végétalisée est loin d’être un simple effet de mode. Elle inspire les architectes, les urbanistes et les paysagistes afin de repenser la ville d’aujourd’hui et de demain. L’objectif ? Améliorer la qualité de vie des habitants et limiter la déperdition des ressources énergétiques. Plaisir des yeux, bien-être, santé et poumon vert: le jardin vertical est l’allié de la ville durable et de l’habitat moderne.

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